Ecrit le samedi 22 janvier 2011 à 06:24 par Sylvain.
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du desert ... vers les plateaux desertiques
la suite de ma progression a velo du Xinjiang vers le Qinghai, Chine part 6 (xinjiang, Qinghai) Karkilik -> Golmud 10/07 -> 20/07/2010Avant de faire mes adieux au chaudron infernal du Taklamakan, il me fallait encore 2 jours. Le premier a descendre quelque peu dans la depression au sud du grand maraicage de Lop Nur (la ou les chinois font leurs essais nucleaires) puis le second a remonter doucement jusqu'a atteindre le commencement d'une vallee montagneuse. Mes 2 derniers jours a rotir sur patte et a boire de l’eau brûlante en quantite phenomenale avant un peu de fraicheur !
Mais avant cela j’ai du escalader, le terme n’est pas trop exagere, une interminable ascension ou les portions raides laissaient la place aux pentes ultra-raides. Ce 3eme jour je ne ferais que peniblement 50km en m’arretant completement lessive a 2km du col. J’avais passe une bonne partie de la journee a marcher en poussant le velo et mes bras etaient raides comme des bouts de bois ! Je n’avais aucune idee de l’atitude du col (les cartes chinoises ne mentionnent jamais les reliefs) mais j’allais apprendre plus tard grace a google map que j’etais monte a 4000m tout de meme, soit plus haut encore que le col d’Irkeshtam tout a l’ouest du Xinjiang. Sacre ascension car la partie finale du Taklamakan etait situee a 900m ! Au moins je ne montrais pas de signes du mal de l’altitude et mon tabagisme ne m’handicapait pas trop.
La pluie fit son retour le 4eme jour tandis que je redescendais dans une vaste cuvette desertique et pour la premiere froid depuis plus d’un mois j’ai eu froid. Pas bien longtemps cela dit car la route 315 etait en travaux et j’ai du faire pres de 40 km de cross sur les pistes toutes defoncees et rendues boueuses par la pluie et surtout le trafic intensif de poids lourds. a vrai dire l’exercice n’etait pas totalement deplaisant car mon lourd vtt en acier etait parfaitement adapte a la situation meme si mon chargement compliquait les manoeuvres. Le veritable probleme c’etait surtout la presence en quantite hallucinante de moustiques. A la moindre pause ou meme quand l’allure n’etait pas assez rapide j’avais des milliers de ces bestioles affamees qui cherchaient a se poser sur moi. Avec les manches baissees et la moustiquaire de tete, je n’avais que les mains de decouvertes mais je pouvais en avoir une bonne cinquantaine dessus si je ne prennais pas garde. Je ne m’attendais vraiment pas a trouver des moustiques a plus de 3500m d’altitude et encore moins dans des proportions pareilles, sans doute que la pluie recente avait contribue a leur essor soudain (autrement je vois pas ce qu’ils auraient pu bouffer sur un plateau desertique). Pourtant j’allais decouvrir que ces charmantes bestioles seraient omnipresentes jusqu’a Golmud et les 600km a venir, meme si les marecages etaient completement asseches. Parvenir a monter la tente, y introduire tout mon materiel avant d’y entrer definitivement en evitant d’’etre envahi par des milliers de moustiques relevait de l’exploit mais j’ai reussi a trouver une parade malgre tout assez rapidement.
Un soir je me souviens d’avoir eu un appercu de l’enfer en roulant a cote d’un camion covoyant des porcs gare au bord de la route: le chauffeur dormait dans sa cabine tandis que les porcs emprisonnes dans leurs minuscules cages etaient litteralement livres en pature a l’appetit des millions de moustiques attires par l’odeur de bidoche … je ne crois pas avoir deja entendu des animaux hurler en coeur a ce point la. Charmant ! Le lendemain , a l’approche d’un grand lac sale, j’ai eu le bonheur de decouvrir une autre facette de la faune locale, a savoir des especes de taons assez massifs qui ne menageaient pas leurs efforts pour me ponctionner du sang egalement. A la difference des moustiques, le simple fait que le vent souffle ou que je me mette a pedaler ne suffisait pas a les decourager, loin de la. En general, elles se placaient dans mon silliage, a l’arriere ou du cote protege du vent et tentaient regulierement une excursion pour se poser su mes bras ou mieux, sur mon visage. Les parages en etaient egalement infestes et j’avais generalement tout un escadron au cul ! Les semer n’etait pas une mince affaire car elles ne lachaient prise que si je pedalais a bloc avec le grand plateau. Un rythme difficile a tenir, surtout dans les cotes! Pour finir de me couvrir integralement, je recuperais une paire de gants de manutention aupres de routiers. Je pensais avoir l’air vraiment ridicule avec ma moustiquaire de tete et mes gants avant que je ne m’appercoive que les ouvriers qui travaillaient a refaire la route avaient exactement le meme equippement. C’etait rassurant de voir que tout le monde etaiit loge a la meme enseigne et qu’il n’y avait pas que les etrangers qui galeraient en ces lieux. D’ailleurs, les rares habitants des zones les plus exposees vivaient litteralement calfeutres chez eux et ne sortaient pas sans protections. Je continuais ainsi ma route vetu de la sorte en quasi permanence.
Je ne beneficiais d’un peu de repit que dans les zones totalement desertiques et seulement si j’avais reussi a semer les mouches pot de colle ou par defaut a les buter toutes. Le sous sol des alentours du grand lac devait etre manifestement riche en petrole car il y avait une quantite incroyable de derricks qui pompaient mollement le precieux or noir dans les environs. Il y en avait a perte de vue sur pres de 100 km, sans les montagnes environnantes je me serais cru dans un pays du golfe Persique ! Le 7eme jour, je quittais definitivement la route 315, pratiquement mon fil conducteur depuis Kashgar, a pres de 2000km de la, pour m’engager sur un axe secondaire menant a Golmud. Encore 360km de vide, ou les zones arides succedaient aux maraicages asseches et vice-versa. Question traffic routier, je gagnais enormement au change car cette route n’etait pas empruntee par les corteges de poids lourds qui sillonnaient le pays de part en part comme c’etait le cas depuis Karkilik. Je pouvais rouler sans problemes au milieu de la route si je le desirais et plus question d’entendre le moindre klaxon desormais. Je pouvais tout de meme compter sur les moustiques et les super-taons pour me tenir compagnie: j’en venais a me demander si les oiseaux du coin ne buvaient pas du sang egalement pour survivre dans cet enfer parasitaire !
Le vent allait egalement souffler copieusement et me compliquer la tache sur ces hauts plateaux depourvus du moindre arbre. D’autant plus que, contrairement au Taklamakan, le vent ne tournait plus durant la journee: il soufflait du matin au soir dans le meme sens et ce en s’amplifiant tout au long de la journee. Le seul avantage de ce vent, c’est qu’il me soulageait des assats des moustiques en les dispersant lors de mes pauses e le soir venu. La veille de mon arrivee a Golmud, je faisais un crochet dans un petit village histoire de me ravitailler dans une epicerie. Mais je faisais irruption au milieu d’une sorte de ceremonie bouddhiste, car le village etait peuple de tibetains manifestement, et chose exceptionnelle en Chine, des gens m’offrirent a manger ! Pres d’un kilo de gras de mouton et de pain cuit a la vapeur a emporter, pas ce qu’il y a de plus digeste a ingerer mais que j’engloutissais integralement le soir meme ! Par la suite j’apprendrais a distinguer les villages de tibetains, tres nombreux au Qinghai, il y a en effet toujours une sorte de stele blanche a l’entree du bled, comme celle que l’on voit dans “Tintin au Tibet”, et presque toujours un long mat orne d’une banniere arc en ciel.
Le 20 juillet j’arrivais a Golmud pour y rester une semaine. Je devais etendre pour la premiere fois mon visa chinois et Golmud etais la premiere ville ou cela m’etait possible pratiquement depuis Hotan a un peu moins de 2000km de la. A priori, j’avais encore la possibilite de faire cette demarche a Xining, le centre administratif de la province du Qinghai a moins de 800km de la car il me restait encore 10 jours de visa, maiscela aurait ete une erreur strategique. Il est notoire que la procedure d’extension de visa est bien plus simple dans les sous prefectures que dans les grandes villes ou les centres administratifs de provinces: pas besoin de fournir des justificatifs genre un enregistrement aupres d’un tres onereux hotel 3 etoiles ou de prouver que l’on possede la somme minimale de 20 000 yuans (2300E !) en liquide sans parler du fait que la chose peut etre reglee en 20 mn chrono plutot que les 5 jours ouvrables de la procedure officielle. De toutes facons j’avais besoin de faire un break pour reparer pas mal de trucs comme mon appareil photo numerique par exemple, dont l’objectif telescopique etait HS (il fallait que je le rentre et le sorte manuellement) et tout simplement pour souffler un peu ! Le plus dur fut de trouver un boui boui pas cher et de marchander le tarif. Pas de douche, meme commune, mais pour qui n’a pas peur de se laver avec une bouteille d’eau dans un chiotte turc ca roulle ! Golmud est pour les standards chinois une ville minuscule et je ne passais pas inaperçu pendant cette semaine, avec puis sans ma barbe de 4 mois que je me decidais finalement a raser. En general, les etrangers ne font que transiter a Golmud pour entrer ou sortir du Tibet mais personne ne reste aussi longtemps que moi ! La ville etait plutot calme et paisible malgre que plusieurs groupes ethniques et religieux y cohabitent: des tibetains bouddhistes, des chinois musulmans (les Huis) et bien sur des hans athes. Pour moi, le lieu etait un tres bon palier de decompression apres avoir passe plus d’un mois et demi dans le desert. Le 27 juillet, je me presentais au des PSB de Golmud et obtenais un mois d’extension en un quart d’heure tout en conservant mes 5 jours restants du visa d’origine. Il etait temps de repartir, Direction Xining au nord est du Qinghai.
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