premiers pas en Chine

mes premiers jours en Chine dans l'immense province occidentale du Xinjiang, Chine part 1 (Xinjiang) Irkeshtam -> Kashgar 03/06 -> 09/06/2010

Encore un nouveau pays. Et quel pays ! Me voici en Chine pour ce qui etait et qui restera vraisemblablement le plus vaste pays de mon voyage. Je n’avais qu’un visa de 2 mois mais j’avais bon espoir de pouvoir prolonger encore 2 mois a coup sur. Mon objectif en Chine etait de traverser le pays jusqu’au Vietnam en passant par l’ouest puis le centre en evitant le Tibet, grande source de problemes. Mais a plus court terme je devais rejoindre Kashgar, 250km plus loin et la plus occidentale du Xinjiang donc de la Chine. Avec la frontiere, le paysage avait change egalement: plus question de paturages verdoyant et de cours d’eau a profusion. De ce cote ci les vallees etaient bien plus arides et minerales. Les reliefs environnants semblaient d’avantage decoupees et marques par le ravinement des precipitations egalement. Meme la faune etait differente: les troupeaux de moutons avaient cede la place aux chameaux !

Si Kashgar etait situe 2000m plus bas, la route qui y menait ne descendait pas vraiment dans sa premiere moitie, en fait elle ne faisait que passer de vallee en vallee et l’altitude restait superieure a 2500m. Par la suite, il s’agissait surtout d’une longue descente progressive sur une espece de plateau tout sec. Malgre tout, il y avait tres regulierement de grands espaces cultives grace a un systeme d’irrigation par canaux. Il y avait egalement pas mal de petites zones boisees, d’arbres jeunes plantes la pour l’occasion, vraisemblablement pour lutter contre la desertification. J’allais pourtant atteindre Kashgar en moins d’une semaine en tenant une cadence relativement infernale de 35 km par jour. C’etait pratiquement le double de mon rythme quotidien en Asie centrale ! Je payais en partie ce changement de cadence le 3eme jour en développant un debut de tendinite au genou droit. Fort heureusement la douleur se dissipa assez rapidement tandis que j’eclusais jusqu’a l'écoeurement des litres et des litres d’eau a chaque fois que je rencontrais un des rares ruisseau des vallees successives. Au moins la meteo se pretait bien a la marche avec un temps couvert et de la fraicheur de bout en bout.

J’aurais eu l’occasion de faire connaissance avec les autochtones du Xinjiang, les Ouighours. Ils ne different pas tellement des populations d’Asie centrale sur le plan ethnique, meme si le cote asiatique est moins marque. Ils ressembleraient d’avantage aux turkmenes et aux tadjiks car il y en a des avec les yeux brides et d’autres non. Leur langue est aussi un dialecte derive du turc et ma foi fort difficile a saisir (il faut dire que depuis pres de 2 mois j’avais abandonne le turc au profit du russe). L’alphabet arabe est aussi celui des ouighours (sur decision des chinois parait-il car il etait latin auparavant) ce qui en fait le dernier “pays” de langue turque a l’utiliser. Les panneaux de signalisation sont rediges soit en mandarins, soit en arabe, autrement dit impossible a lire en ce qui me concernait. Cela dit, il faut bien reconnaitre qu’ils n’etaient pas tres loquaces question communication, ca me changeait des interpelations a base d’“Atkouda” systematique du kirghizistan. Par contre, ils observaient, que dis-je, ils mataient, ils reluquaient comme personne. Il n’y avait guere que les bergers des zones les plus reculees d’Asie centrale qui me reluquaient sans retenue, intensement et silencieusement comme cela auparavant. Les Hans, ou les chinois de souche si vous preferez, je n’en trouverais qu’a la premiere petite sous prefecture a mi parcours puis a Kashgar ensuite. Dans le coin les hans n’etaient que citadins et ne semblait appartenir qu’a une classe moyenne globalement bien remuneree et bien eduquee. Il n’y a vraiment qu’a Kashgar que je n’ai vu cohabiter ces 2 communautes.Je dis cohabiter car ils ne se melangeaient pas vraiment: ils vivaient, travaillaient, mangeaient et avaient leurs commerces dans des zones bien distinctes. C’est tout un choc des cultures, avec celle des ouighours, typiquement moyen-orientale du bazar ou l’occupation de la rue est permanente tandis que la sphere chinoise est plus tournee vers l’interieur que ce soitleurs restorants ou leurs epiceriesou rien ne depasse sur l’espace public. Les relations entre les hans et les ouighours n’etaient pas vraiment au beau fixe, notament depuis les evenements sanglants d’Urumqi de l’annee passee (des meurtres de hans dans une tres large mesure), et l'imposante milice anti emeute qui parcourait constament le centre ville de jour comme de nuit en temoignait.

Lors de mon passage (debut juin 2010) le vieux centre ville historique de Kashgar etait pour ainsi dire integralement rase, il ne restait des terrains vagues couverts de gravats et entoures de palissades. Pas a cause d’un seisme mais parceque les autorites avaient decide de rebatir en lieu et place. Les personnes vivant la auparavant etaient senses recuperer un nouveau logement ou commerce a la fin des travaux, en attendant elles avaient ete priees de degager. Cela dit, meme si les lieux vont certainement gagner en salubrite ils vont perdre tout le charme qui faisait leur cachet. En effet, le contraste entre les vieux quartiers pas encore demollis, avec leurs batisses en bois et en terre ornes de magnifiques devantures, et les nouveaux batiments de la place de la mosquee principale avec leur style “neuf ancien” artificiel est flagrant … Cela dit il etait tres difficile de trouver quelqu’un, qu’il soit han ou ouighour, qui acceptait de parler de ce sujet voire meme d’un quelquonque probleme le concernant … de peur d’en avoir des nouveaux ? Dans la ville je logeais a la toute nouvelle auberge de jeunesse, qui en plus d’etre incroyablement pas chere etais pleine de voyageurs au long cours, a velo pour la plupart, et de jeunes chinois de passage. L’ambiance y etait particulierement plaisante et j’avais enfin l’occasion d’avoir de vrais conversations pour la premiere fois depuis presque 2 mois (a 1 ou 2 exceptions pres) . Dans le centre ville je decouvrais avec émerveillement un immense hyper marche, veritable temple de la conssomation, la aussi mon premier de ce gabarit depuis l’Europe par contre. Fini les epiceries pleines de vide de l’Asie centrale, j’avais un choix monstrueux sous mes yeux … j’ai du y rester 2h la premiere fois, j’ai presque failli me perdre dedans ! J’en profitais pour changer ma garde robe avec des contrefacons de marque made in China a des prix tres abordables. J’allais m’initier pour la premiere fois de ma vie (si, si) a la o combien difficile pratique des baguettes en allant bouffer dans des restos la encore tres peu chers. La cuisine chinoise est vraiment excellente et variee, et puis il y a du porc au menu, enfin !
Pour ma premiere en Chine j’ai pu me rendre compte que le vieux cliche des chinois a velo etait desormais éculé. On ne croise plus que des gros 4x4 aux vitres teintees sur les routes et surtout des 2 roues motorises: la 125 cm3 a la cote chez les ouighours ruraux tandis qu’en ville il y a des nuees de scooters electriques qui foisonnent de partout. Il n’a guere que les ecoliers ou quelques rares viellards qui se deplace a bicyclette. Et il faut bien reconnaitre qu’ils conduisent comme des sacs, ou alors c’est que le code de la route est particulierement laxiste. C’est en permanence la conduite a fond avec la main sur le klaxon a la moindre occasion. Rendez vous dans une ville ou plutot dans un village et vous vous rendrez compte a quel point les chinois abusent du klaxon. C’est le concert en permanence, au moindre pretexte un conducteur actionne son avertisseur. Ca n’a vraiment aucun sens car plus personne ne fait attention dans la cacophonie generale. J’avais l’impression qu’un cortege de marriage passait en permanence dans les parages ! Pour dire, a plusieurs reprises j’ai vu, ou plutot entendu, des types traverser toute une localite avec le klaxon en continu pendant plus d’une minute … et le pire c’est que tout le monde avait l’air de trouver ca normal !
Pour la petite histoire, j’apprenais lors de mon court sejour a Kashgar que le Kirghizistan etait a nouveau le theatre d’incidents sanglants et de lutte armee dans la localite de Osh, la meme ou j’avais hesite a me rendre un peu plus d’une semaine auparavant pour profiter de l’integralite de mon visa kirghize ! Decidement j’avais ete bien inspire en partant vers la Chine !Depuis l’Iran j’avais une veine pas possible pour eviter les emmerdes dans chaque pays et m’en sortir sans pepin: depassement de temps de visa en Iran et Turkmenistan, fraude des reglementations d’enregistrement en Ouzbekistan et Tadjikistan, franchissement de poste frontiere interdit entre Tadjikistan et Kirghizistan et enfin passage entre 2 revolutions au Kirghizistan … pourvu que ca dure !

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