Ecrit le samedi 26 février 2011 à 06:46 par Sylvain.

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Tout au long du Mekong

la traversee du sud du pays, le long du fleuve Mekong, Laos part2 Vientiane - Veun Kham 12.10 - 24.10.2010

Pour rejoindre le Cambodge, le trajet etait plutot simple: il me fallait longer le fleuve Mekong pratiquement en continu. Il n'etait plus question d'ascensions raides mais de grimper quelques petites bosses tout au plus. A vrai dire la veritable difficulte pendant cette periode consistait a endurer la monotonie du paysage et combattre l'ennui ! En gros j'enchainais les traversees de villages et de rizieres avec quelques petites parentheses forestieres. Je pouvais apercevoir la foret vierge en arriere plan a l'est et quelquefois le majestueux fleuve Mekong a l'ouest mais le parcours restait relativement inintéressant. Avrai dire, j'aurais pu prendre un itineraire bis plus en retrait dans le pays mais l'etat critique de mon velo ne m'incitait guere a m'engager sur des pentes raides ou a me confronter a des pistes chaotiques et boueuses.

Le premier probleme auquel je fus confronte fut immanquablement la meteo. Si dans le nord du Laos octobre est le debut de la saison seche, au Cambodge c'est encore le dernier mois de la saison des pluies. Bref, au sud du Laos j'avais en quelque sorte le cul entre 2 chaises avec des episodes de pluie qui pouvaient durer de quelques mn ... a plusieurs jours d'affilee. Le tout sous une chaleur ecrasante bien entendu. Etre trempe etait mon lot quotidien, que ce soit par la pluie ou la transpiration massive. Trouver un endroit sec et a l'abri des regards pour passer la nuit n'etait pas chose aisee car les sols etaient gorges d'eau et qu'il y avait presque continuellement des habitations de long de la route. Je trouvais la parade en squattant les abris agricoles des rizieres sur pilotis a l'insu des locaux. Ils etaient pratiquement toujours situes a moins de 100m de la route mais comme le trafic nocturne etait nul ca convenait parfaitement. La procedure etait assez compliquee et chaque seconde comptait: une fois un abri en bon etat et suffisamment en retrait des habitations repere, il me fallait foncer sur place avant que quelqu'un me repere pour garer mon velo derriere. Ensuite la partie etait gagnee mais ce n'etait pas toujours evident car il y avait presque constamment des ploucs a moto qui circulaient sur cette route pour me griller. Il me suffisait de placer stratégiquement mes 2 baches en plastiques comme des rideaux et le tour etait joue car tout le monde croyait qu'un agriculteur laotien dormait la et j'avais une paix royale. Il m'est arrive de dormir dans une ecole primaire egalement car ces batiments n'etaient generalement que des grands batisses en bois sans murs ni cloisons a la sortie des villages totalement deserts la nuit. Il fallait juste que je déguerpisse rapidement tot le matin avant que les momes n'arrivent.

En ce qui concerne les ennuis mecaniques, les dents de mon grand plateau finirent par rendre l'ame a leur tour. Je ne pouvais plus qu'utiliser le petit plateau et j'etais a present condamne a mouliner enormement sur du plat avec la plus grande des vitesses. C'etait en quelque sorte comme si je devais courrir en permanence avec le coeur qui cognait fort la ou je pouvais faire parler la puissance ... c'etait tout de meme frustrant d'etre continuellement trahi par son materiel, meme economique ! Cela dit la pratique du velo au sud du Laos restait une activite facile et je pouvais quelquefois boucler des journees de 150 km si necessaire. A vrai dire, depuis que j'avais quitte la Chine j'avais retrouve un pays ou les conducteurs etaient soucieux de la securite des 2 roues et ou personne n'utilisait son klaxon. De toutes facons les seuls cons qui klaxonnaient sur les routes avaient des plaques chinoises ! Ceux la je les avais soigne dans les montagnes du nord en me placant systematiquement sur la chaussee de maniere a ce qu'ils ne puissent me doubler qu'en roulant dans les profonds nids de poules ! La circulation routiere etait bien moindre en comparaison egalement, par contre il y avait une quantite incroyable de motos sur les routes. Le truc le plus chiant au centre et au sud du pays c'etait de se faire saluer 10 000 fois par jour. Dans le nord je ne traversais que 3 ou 4 villages par jour et je ne rechignais pas a rendre les salutations mais desormais je saturais completement. Je me faisais continuellement hurler dessus et ca commencait a me gonffler, j'en arrivais a preferer les aboyements des chiens ! Que ce soit les gosses ou les adultes je ne pouvais pas y couper, et comme je ne repondais plus depuis longtemps ils repetaient toujours (comprendre hurler encore plus fort) plusieurs fois jusqu'a ce que je sois hors de portee ... mais les suivants prennaient le relais aussitot ! Le lecteur MP3 et les bouchons d'oreille ont repris du service en somme ! Le truc assez con je touve, c'est que tant que je passais en pedalant, tout le monde ou presque se precipitait pour crier leur bonjour avec le sourire jusqu'aux oreilles ... mais si je m'arretais et que je posais un pied a terre c'etait comme si je n'existais plus ! Ceux qui etaient suffisamment loin reluquaient mais tout les autres disparaissaient ou regardaient leur pieds (bon a part les gosses). J'avais l'impression d'etre "l'etranger" qui entre dans un saloon de western ! Allez donc comprendre quelque chose.

Une de mes principales preoccupation dans le sud du pays consistait a trouver de l'eau pour m'hydrater et compenser tout ce que je perdais en transpiration. En periode de pluies la chose etait aisee car il ne me fallait guere plus de quelques mn pour remplir plus de 10L d'une eau parfaitement claire mais autrement je devais composer avec l'eau du Mekong et de ses affluents. Le moindre robinet etait toujours raccorde a un reseau d'eau pompee dans les fleuves. En dehors du fait que cette eau avait un fort gout de "terroir" elle me posait beaucoup de problemes a la filtration a cause des micro-algues: ces saloperies ne se contentaient pas de colorer l'eau en vert, elles m'encrassaient le filtre en moins de 2 et colonisaient les parois de mes bouteilles pour s'y developper avec l'eau filtree. Sur le plan sanitaire il m'est arrive une tuile car j'avais develloppe plusieurs boutons sur une bonne partie du corps (bras, jambes, dos, epaules et partielement sur le torse) qui me demangeaient atrocement, en particulier la nuit. D'apres ce que j'avais pu identifier en consultant internet, ca ressemblait bien a la Gale ou un truc similaire ! A vrai dire, je pensais meme connaitre l'origine du probleme: tandis que  je venais de me farcir 3 jours et 3 nuits de pluie ininterrompue et que mon materiel etait completement trempe, j'avais craque pour passer une nuit au sec dans le boui boui le moins cher de la petite ville de Thakek. Les boutons s'etaient develloppe peu de temps apres. Je ne sais pas si c'etait vraiment la gale car au bout d'une semaine je n'en avais plus que sur les jambes mais en tout cas ca grattait horriblement et ca ressemblait a des piqures d'acariens. De passage dans la ville de Pakse, je prennais la resolution d'aller consulter a l'hosto de la ville ... mais je partais en courrant au bout de 5 mn de salle d'attente ! Je ne sais pas pourquoi mais en cotoyant des tuberculeux, des accidentes et surtout des types qui hurlaient en baignant dans leur vomis, je me suis subitement senti bien mieux ! Mes 2 derniers jours au Laos, je trainais un peu plus que d'habitude, d'une part parceque la meteo etait radieuse et que les environs etaient a nouveau sauvage mais surtout pour finir de fumer mon herbe avant de passer la frontiere cambodgienne !

Billet précédent :
L'enfer vert

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